Souvenirs particuliers

 LE TOUR DE FRANCE

La première fois que j'ai entendu parler du tour de France, j'avais 7 ans. Je sentais chez tout le monde que c'était un grand évènement, une fête au même titre que la foire de la saint Lubin. Et le tour de France allait passer sous nos fenêtres !

Déjà, il fallut que l'on m'explique que c'était une course cycliste. Bon c'était pas la première course cycliste qu'on voyait... Et de me dire, tu verras, c'est LE tour de France...

Le jour dit, des petits drapeaux un peu partout sur la route nationale, les voisins sur le trottoir, la grand mère du voisin assise sur une chaise, tout le monde apostrophant tout le monde... Je sentais les gens excités.

Puis du bruit, de la musique, une caravane publicitaire, vantant, vendant, jetant (je me rapelle avoir récupéré un paquet de biscuits, un ballon, un chapeau en papier, et vieux journal : "le miroir du sport où il était question du toru de France 1923 et d'un coureur qui s'appelait Bottecchia)... Ah c'était drôle de voir les papys se jeter sur le rue pour ramasser une casquette, les mamys crier,... Puis ce bruit, cette pétarade s'éloigna et là ce fut l'attente. Bien des gens tendaient le cou vers le bout de la rue..."I sont pas loin !"

Et puis coups de sifflets, et une tornade de motos, voitures, peloton bigarré dans un bruit étourdissant de voix, de bruit de chaines, de bruit des pneus, de cris des spectateurs, encore des voitures  et en quelques secondes tout ce tintamarre s'évanouissant derrière la porte Saint Jean, puis le silence quelques brefs instants...

Tous comptes faits, nous n'avions rien vu... mais nous étions tous contents... nous avions "vu" LE TOUR DE FRANCE !

 

LA MORT DU MARECHAL DE LATTRE DE TASSIGNY

Cet évènement me marqua terriblement. Sa dépouille fut enterrée en Vendée à Mouilleron en Pareds (son village de naissance et le village d'un autre homme illustre : Clémenceau). Mais elle fit le voyage d'une manière que je n'ai pas connu depuis en France.

Le cercueuil posé sur un blindé, recouvert du drapeau tricolore, avec un soldat au garde à vous dans la tourelle du blindé, a traversé les villages, presque au pas... A Montreuil, mes parents et moi étions sur le trottoir devant la librairie. Et ce qui me reste très fort en tête, c'est de voir tous les voisins sur le trottoir, la voisine écrasant une larme dans son mouchoir, les vieux saluant militairement et tous les hommes bérets et casquette à la main... dans un silence accablant.

Et j'entendis alors quelqu'un dire : "Adieu Roi Jean"...

 

LES GARDES MOBILES PATROUILLANT DANS MONTREUIL

J'avais entendu mes parents parler de la colère des artisans commerçants (eux qui tenaient la librairie), mais enfant je ne savais pas de quoi il retournait.

Un matin en sortant de la maison pour aller à l'école, je fus surpris de trouver des hommes en noir, casqués, un fusil sur l'épaule, dans la rue nationale et au carrefour de la rue nationale et de l'avenue Duret. Ces hommes étaient impressionnants avec tout leur attirail, deux musettes accrochées autour du cou et pendant de chaque côté du corps...

A la récréation on ne parlait que de cela. La guerre à Montreuil... La guerre contre les commerçants... Je dois dire que je n'étais pas rassuré compte tenu de l'activité de mes parents...

J'ai appris plus tard qu'il y avait eu des manifestations d'un syndicat de commerçants-artisans, que deux personnes de Montreuil avaient été impliquées dans une manifestation et que les hommes en noir que j'avais vu étaient des gardes mobiles venus à Montreuil pour que la situation redevienne norale...

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